FRUGES : fervent défenseur des anciens combattants d’Afrique du Nord : Louis Constant tourne la  page après plus d’un demi-siècle de combat.

On l’aurait cru inoxydable et indestructible, mais à pratiquement 80 ans, l'heure est venue pour Louis Constant de tourner la page. En effet, comme il l'a expliqué dans une lettre adressée à tous les adhérents : " il ne se sent plus capable de faire face correctement aux différents évènements du monde combattant". Un univers qui a marqué sa jeunesse et pour lequel il se bat toujours depuis 1972 avec la création du comité de Fruges de la Fédération nationale des anciens combattants d'Algérie, Maroc et Tunisie (FNACA) qu'il a toujours présidés. C'était encore un beau pays l'Algérie, à l'époque départements français, lorsqu'il décide d'y effectuer son service militaire de 18 mois. Né le 1er juin 1932, il débarque donc à Oran le 1er novembre 1952, à 20 ans. Il est affecté au 28ème escadron du Train pour finir, après des classes de sous-officier, comme maréchal des logis. Entretemps il aura encadré la formation des "musulmans français" incorporés, plus ou moins de force. En effet Louis Constant éprouve au fil des mois comme un malaise et réprouve certaines méthodes et comportements des "pieds noirs" (Français d'origine européenne installé en Afrique du Nord jusqu'à l'époque de l'indépendance). Il sent aussi venir le temps de la révolte dans ce pays qui vit encore à l'heure du colonialisme. Il rentre ensuite en France en avril 1954 et reprend son poste de professeur au collège privé St Bertuphe. Et ce qui devait arriver arriva, le 1er novembre de la même année avec les premières opérations de ce que l'on appelle alors pudiquement "maintien de l'ordre". Louis Constant comme bon nombre de jeunes de son âge est alors rappelé sous les drapeaux. Il rejoint comme adjoint au chef de peloton une Unité de circulation routière qui est ensuite reversée dans le régiment du Train, dans la même caserne, à Oran, où il a effectué son service militaire. Ses missions consisteront à des transports de troupe, d'armes et munitions mais aussi de ravitaillements et de ... cercueils quelquefois. Et tous les jours il demeurera sous la menace ennemie, la peur des attentats, des grenades balancées sur les soldats. Il sortira indemne de plusieurs embuscades quelquefois avec une chance inouïe. Comme ce jour ou une grenade a ricoché sur le casque d'un appelé dans un camion, avant d'exploser sans faire de victimes dans leurs rangs. Le danger atteindra son apogée lors de l'enlèvement par l'armée française d'Ahmed Ben Bella, natif d'Oran, qui deviendra plus tard un des chefs historiques du FLN (Front de libération nationale de l'Algérie). Il est démobilisé en janvier 1957 et reprend sa carrière dans l'enseignement jusqu’à la retraite, en 1987. Bien que déjà très impliqué dans la vie associative locale, et syndicale au collège, en 1972 il crée le comité frugeois de la Fnaca avec quelques anciens comme Georges Piette, Jean-Paul Dufour, Michel Musart. Il n'aura alors de cesse de "combattre pour la veuve et l'orphelin et défendre les intérêts de tous les anciens combattants d'Afrique du Nord". Il leur permettra d'obtenir, pour eux comme pour leurs veuves, de nombreux avantages : retraites mutualistes, distinctions, etc. Il n'aura de cesse également de rendre hommage à ceux du canton qui sont pour la France, et bien que le terme de «guerre d'Algérie» soit officiellement adopté en France le 18 octobre 1999 comme Paul Framery, André Morenval, Alfred legrand, Michel Ogez et Pierre Molin. Sans ménager ni son temps ni sa peine, comme un véritable travail de mémoire. S'il tourne donc maintenant la page, Louis Constant compte bien se montrer vigilant sur son "héritage" en demeurant bien évidemment membre de l'association. Et on peut compter sur lui pour faire entendre sa voix.