RUISSEAUVILLE : Ce samedi à la salle qui porte son nom : un ultime hommage à Guy Lyon.

"Rebelle, humaniste et homme de progrès, idéaliste et précurseur dans de nombreux domaines" tel était Guy Lyon selon Eric Catto le président du Foyer rural de Ruisseauville qui s’apprête à lui rendre hommage, ainsi que la municipalité, ce samedi 24 septembre, à la salle municipale qui porte d’ailleurs son nom. Né à Hesdin le 19 décembre 1921, Guy Lyon est décédé le 18 août 2010, en Vendée, où il résidait chez sa fille. Cette dernière sera d’ailleurs présente pour cet hommage. « Toute sa vie a été une lutte perpétuelle contre l’injustice et la défense de l’éducation populaire. Il a toujours voulu que les jeunes du milieu rural aient les mêmes chances de réussite que les autres bien qu’éloignés de tout. C’est pour cela qu’il a créé le second Foyer rural du Nord- Pas de calais à Ruisseauville, le 2 avril 1952. Il a aussi financé de ses propres deniers une aire de jeu et une salle pour permettre aux habitants de disposer d’un lieu de rencontre et pratiquer du sport » précise encore Eric Catto qui fut l’un de ses condisciples. Grâce à sa forte personnalité, parfois dérangeante voire anticonformiste, il permettra la reconnaissance officielle de ce grand mouvement d’éducation populaire et Laïque que sont les Foyers ruraux. Guy Lyon fut aussi un homme de conviction au caractère bien trempé. Nommé instituteur pour son premier poste à Oignies, il est immédiatement révoqué pour avoir refusé d’accrocher la photo de Pétain dans sa classe. C’est son premier combat qui le mènera à s’engager dans la résistance, puis dans l’Armée des Alpes pour éradiquer le nazisme. Il participe ensuite à la guerre d’Indochine. Rentré en France, en 1949, il réintègre l’Education nationale à Ruisseauville, où il restera jusqu’en 1977, date de sa retraite. Son dévouement, et surtout son désintéressement le plus total, lui ont valu les plus hautes distinctions comme la médaille d‘or Jeunesse et sport (1974), les grades d’officier dans l’ordre du Mérite agricole (1996), de Commandeur des Palmes académiques (1983) et de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite (1992). "Ce samedi nous souhaitons que tout ceux qui l’ont côtoyés durant ce demi-siècle de bénévolat viennent apporter leur témoignage en présence de sa fille pour un ultime hommage" conclut Eric Catto.

Voici le discours prononcé par ce dernier.

Hommage à Guy LYON

Samedi 24 septembre 2011

 Aujourd’hui pourrait être un jour comme les autres, mais ce 24 septembre 2011, c’est la mémoire d’un homme, un grand Homme, avec un grand H, qui nous réunit. Guy LYON, que beaucoup à Ruisseauville appelait Monsieur LYON, ses élèves, ses anciens élèves, les parents d’élèves, les habitants, pour les autres qui l’ont connu dans le milieu associatif, c’était simplement Guy. Je vais essayer modestement de retracer le parcours de cet homme, en le faisant parler car ses écrits, ses mots, ses paroles résonnent encore dans bon nombre de nos têtes. Monsieur LYON pour les uns, Guy pour les autres, est arrivé à Ruisseauville en 1949, tel un écorché vif, comme il nous l’a si souvent raconté lors de ses innombrables leçons de morale, ou discussions. 

Le 18 octobre 1992, dans cette salle, il disait : « J’aimerais dédier cette journée à mes parents, humbles entre les plus humbles, qui ont eu une vie plus que difficile, et qui, malgré les embûches de toute sorte, ont fait de moi un homme debout. Si je suis devenu un instituteur qui, je l’espère, fut digne de nos anciens hussards de la République, si je me suis lancé tête baissée dans la Résistance, si, quoi qu’anti-militariste, je me suis engagé dans les armées de la Libération, si mes nuits sont encore hantées par ces horreurs de cette mauvaise guerre d’Indochine, si les inégalités me hérissent, si la misère des faibles me martyrise, si les turpitudes des puissants me révoltent, si j’ai voulu et espère encore changer les mentalités, si j’ai peur qu’aujourd’hui que l’homme soit un jour la plus grande erreur de la création, c’est bien à eux que je le dois. J’espère qu’aujourd’hui ils ont fiers de moi, parce qu’ils savent que je n’ai jamais couru après la gloire, je me suis contenté de faire ce en quoi je croyais ».  

Touché par un accident de la vie, il perd sa femme Hélène Mayot. Seul avec sa fille, Josée, il fait front pour continuer à vivre.C’est par hasard, en lisant une revue qu’il tombe sur un article présentant une association : un foyer rural. Fasciné, conquis, et ce besoin de redonner un sens à sa vie, démarre alors une aventure qui va durer plus d’un demi siècle.

« Faire ce en quoi je croyais »

Il créé le 2e foyer rural du Pas de Calais, après celui de Courcelles le Comte. C’est le 2 avril 1952, que sont enregistrés à la sous-préfecture de Montreuil sur mer les statuts du foyer rural. «Trop longtemps les foyers ruraux ont été considérés comme des associations destinées uniquement à distraire les ruraux en organisant leurs loisirs, et peut-être que certains d’entre vous le pensent encore. Or les foyers ruraux sont essentiellement des associations d’éducation populaire et permanente, dont les buts sont l’épanouissement de l’homme et le développement harmonieux de son milieu naturel. Faire s’épanouir l’homme c’est lui fournir, ou mieux lui faire découvrir et acquérir le cadre de vie qui lui convient et la qualité de la vie qui le comblerait. Certains crieront à l’utopie, d’autres diront que c’est l‘affaire des hommes politiques et des syndicats. Je n’en suis pas si sûr. Je pense que les hommes n’obtiendront jamais ce qu’ils désirent, s’ils attendent tout des autres, fussent-ils leurs propres amis. Il leur appartient de prendre en mains leurs problèmes, d‘avoir la volonté de les résoudre et de s’en donner les moyens. Que peuvent faire les foyers ruraux à partir de ces affirmations? Rien diront les uns...ne nous mêlons pas de politique...Tout dirons les autres, changeons de société. (Je vous signale que j’écrivais cela en juin 1968, et rappelez-vous les événements de mai 68). Soyons raisonnables et modestes, et  étudions calmement la situation.

Il ne nous appartient pas de nous immiscer dans les familles, mais des actions communes au sein du foyer rural, l’étude en commun de la vie de tous les jours, peuvent changer les mentalités et amener les intéressés à revoir leur propre cas. Il ne nous appartient pas de gérer la commune, mais l’étude en commun des problèmes de la vie communale amènerait les gens, élus et électeurs à mieux se comprendre et à participer plus intensément. Il ne nous appartient pas de diriger ou de noyauter les organisations syndicales ou professionnelles, mais, si dans nos foyers, en toutes occasions, nous avons habitués les gens à la pratique de la démocratie, à la prise de responsabilités, à la participation, voire à l’auto-gestion, je pense qu’ils seront armés pour participer activement et efficacement à la défense de leurs intérêts et de leur milieu. A ce propos, il ne s’agit pas pour nous d’aider l’homme à survivre dans un milieu qu’on lui impose, mais bien à trouver les moyens de vivre sa vie dans un milieu qu’il aura choisi, conçu et réalisé. Or des actions en cours sembleraient montrer que l’on veut certes, faire le bonheur des ruraux, mais souvent sans eux, parfois malgré eux. En effet je pense que les méthodes d’investigation pour connaître les besoins ne sont pas idéales et méconnaissent certains aspects du problème. En pratique ne sont consultés que les élus, les organismes et associations en place, mais les individus en tant que tels ne le sont guère. Si bien que dès le départ les données son faussées, mais surtout, et ce qui est le plus grave, les populations concernées ne se sentent nullement concernées. C’est alors qu’elles rejettent les  responsabilités sur «le pouvoir», «les élus», «les gens en place», même si ce sont les leurs. Et où tout devrait être concertation et participation, on ne trouve qu’indifférence et récriminations. À ce stade de l’opération, les foyers ruraux dignes de ce nom devraient pouvoir intervenir, et demander une consultation réelle de la base.

Localement, s’ils ont su faire entrer dans les moeurs de leur zone d’influence la prise en charge collective des besoins et la notion de responsabilité individuelle et collective, leurs membres sauront qu’ils n’ont pas à laisser à d’autres la charge de leur devenir. Je pense aussi qu’il est important que les foyers ruraux fassent connaître leurs idées sur le développement de l’espace rural...Et si nous réapprenions aux agriculteurs à vivre ensemble, à travailler ensemble, à aimer la nature et à sauver ce qu’il en reste, à s’unir pour ne plus être exploités, en amont et en aval, par ceux qui vivent grassement de leurs produits et de leurs investissements inconsidérés...Et si nous apprenions aux ouvriers qui vont à la ville que leur village est une entité vivante et non pas un dortoir...et si nous disions aux citadins que leurs résidences secondaires font partie du patrimoine et qu’eux-mêmes sont membres de la communauté, avec tout ce que cela comporte de droits et de devoirs. C’est à un véritable réaménagement intellectuel, psychologique et moral qu’il convient d’entreprendre, et pour lequel les foyers ruraux me semblent bien placés pour agir, tant au sein des populations que près des rénovateurs du monde rural.          

C’était ce que je croyais et disais voici plus de quarante ans.

Je pense que c’est encore plus vrai aujourd’hui, quand je vois tant de sombres nuages s’amonceler sur nos campagnes : les drames de l’agriculture, la disparition de l’artisanat et des petits commerces, la mise en friches de dizaine de milliers d’hectares alors que les 3/4 de la population du globe meurent de faim, la pollution de nos sources et de nos rivières, les nuisances de toutes sortes, le chômage et le non partage du travail, la déscolarisation de l’espace rural et sa déshumanisation par la raréfaction systématique de tous les services publics, que sais-je encore ? Mais je me laisse de nouveau emporter par mes fantasmes. Est-ce bien raisonnable à plus de 70 ans ?  Grâce à vous, j’ai pu tenter de faire partager mes idées les plus folles, tant à l’échelon local, départemental que régional, voire national. Qu’en reste-t-il ? A peine quelques idées qui germent par-ci, par là, de temps à autre. Mais, qu’importe. Peut-être avons nous eu tort d’avoir envie d’avoir raison trop tôt. L’essentiel n’est pas de faire ce que l’on veut, mais de vouloir ce que l’on fait. » 

Ce long discours prononcé le 18 octobre 1992 devant un parterre de personnalités, et de nombreux amis, précédait son élévation dans le grade de chevalier dans l’ordre national du mérite agricole. Une haute distinction, dont il était fier, une sorte d’apothéose, de récompense après ces années de labeurs, de luttes, de combats, de recherches, de ce besoin  de faire s’épanouir ces gens, de les vivre ensemble, de dessiner avec eux leur avenir, de prendre en main leur destin. 

Il était un adepte de la participation participative : « L’essentiel n’est pas de faire ce que l’on veut, mais de vouloir ce que l’on fait » Il a ainsi construit avec les habitants de ce village cette salle, qui porte à juste titre aujourd’hui son nom. « Faire bien et beaucoup avec peu », telle était sa devise.Le chantier a démarré avec des matériaux récupérés de l’ancienne école qui avait été bombardée pendant le second conflit mondial : le bois, mais aussi les clous récupérés et redressés un à un. Bien entendu, cela n’a pas suffit. Il a alors demandé à Monsieur Emile Henguelle de lui prêter de l’argent, sans intérêt naturellement, pour pouvoir continuer les travaux. Il ne l’a pas souvent raconté, sa modestie oblige, il a remboursé Emile Henguelle sur plusieurs mois, voire plusieurs années avec son indemnité de secrétaire de mairie. Cette salle était sa fierté, car elle lui a permis de développer bon nombre d’activités au foyer rural : couture, arts plastiques, club photo, ping-pong, ruche (aujourd’hui on appelle cela centre de loisirs), accueil de jeunes instituteurs en stage, bibliothèque, cinéma, et surtout les fameuses soirées théâtrales, qui ont fait la renommée de ce village il y a près de 50 ans, et dont les plus anciens parlent encore. La remise des cadeaux aux enfants avait lieu le matin du 25 décembre, pas 10 ou 15 jours avant, mais bien le jour J. La tradition était respectée dans toute sa splendeur, un instituteur, hussard de la République, comme on aimerait encore en voir aujourd’hui…

Le soir du 25, les enfants de la classe unique du village (de la petite section au Cours Moyen) présentaient un spectacle, les adultes enchaînaient sur les pièces de théâtre, sans oublier la vente des fameuses enveloppes à l’entracte. A l’intérieur de chaque enveloppe, un ticket avec en échange un lot à récupérer. Toujours ce souci d’équité. Souvenez-vous, « Faire bien et beaucoup avec peu », une partie des lots était achetée, l’autre était collectée auprès des habitants du village. La salle, il fallait la chauffer l’hiver. Deux poêle s, l’un à chaque extrémité, qu’il fallait ravitailler. Les chaises, il n’y en avait pas suffisamment. Encore une fois, les habitants étaient sollicités, les plus jeunes passaient avec une charrette, une « cariole », et les gens prêtaient une, deux ou plusieurs chaises. Le comble est que ces gens payaient leur entrée aux soirées théâtrales, et ce pour s’asseoir sur leur propre chaise. Me direz-vous cela était osé, mais tout le monde était content. Même le sénateur De Hautecloque de Royon, honorait de sa présence à une des deux soirées, pour vous dire que notre Guy LYON savait attirer nos ruraux.

Beaucoup de spectateurs, salle comble à chaque fois, participation intergénérationnelle (les enfants chantent, dansent, les parents se transforment en acteurs), la  « participation participative » prenait tout son sens.  Souvenez-vous : « les foyers ruraux sont essentiellement des associations d’éducation populaire et permanente, dont les buts sont l’épanouissement de l’homme et le développement harmonieux de son milieu naturel ». Après l’effort, la récompense : celle de la découverte d’autres pays, d’autres régions. Important pour ces gens qui ne savaient pas ce que voulait dire partir en vacances. L’argent récolté lors de ces soirées permettait d’offrir un voyage annuel, puis bi-annuel à tous ceux qui étaient montés sur les planches : la Hollande, l’Alsace, Londres, la Normandie, Paris furent quelques-unes des destinations proposées. 

Embellir, aménager son environnement furent aussi un de ses nombreux crédos : le fleurissement du village par les habitants eux-mêmes, le fleurissement de l’école par les élèves eux-mêmes, l’aménagement de la place du village avec son nouveau rond-point, et la plantation des arbres, ont donné la récompense le coq d’argent Village que j’aime, que bon nombre d’habitants très fiers sont allés chercher à Boubers sur canche. Sportif aguerri, il nous raconte que nommé instituteur à Oignies dans les mines en premier poste, il ne gagne pas suffisamment pour payer sa chambre d’hôtel. Il joue alors au football, et grâce aux primes de match (club financé par les mines), il peut payer sa chambre d’hôtel. Arrivé à Ruisseauville après guerre, les gens le prennent pour un fou, quand ils le voient le matin très tôt avant la classe faire son footing dans les rues du village. Faire du sport dans cette période d’après guerre était inimaginable, le seul sport qui existait alors était le travail. Tout logiquement, il initie ses élèves au sport, et aux vertus qui en découlent. Il construit dans les années 60 un terrain de basket. Il raconte qu’avec l’aide des habitants, ils sont allés chercher à Blangy sur Ternoise avec les chevaux et des charrettes des scories que son cousin, ingénieur des ponts, lui a récupérés. Pas d’argent, de la bonne volonté, de l’audace, le tour est joué, un terrain de sport naît à Ruisseauville.

 

Souvenez-vous « Participation participative ».

Ce terrain permettra à des jeunes de s’épanouir, de participer à des rencontres sportives, de même aller en 1960 en finale du championnat de France de volley des foyers ruraux dans la Sarthe. Modestes, mais heureux de participer, ils ont été battus par une équipe composée de six professeurs d’éducation physique. Bien oui, il y avait déjà de la triche à l’époque. Mais le but absolu n’était pas que la victoire, c’était surtout permettre à des jeunes de se construire, s’épanouir à travers une activité physique. D’ailleurs ce terrain, rénové en 1980, le fut encore une fois avec les bras des habitants, et l’argent du foyer rural, qui a alors contracté un prêt de 10 000 frs au Crédit agricole de Fruges, remboursé sur 20 ans. Par la suite, la salle du foyer rural va s’agrandir, toujours avec les deniers du foyer rural, l’équipement viendra aussi. Enfin pas trop tôt, me direz-vous, plus besoin d’aller emprunter les chaises chez nos habitants. La société évolue, la mentalité des gens aussi, progressivement la société de consommation s’invite dans nos vies, l’agriculture perd beaucoup de ses agriculteurs, les gens partent travailler à la ville, et puis à Ruisseauville maintenant qu’on a les chaises on n’a plus de théâtre. 

 Je pourrai ainsi continuer encore longtemps, tellement il y a à dire. Je citerai encore quelques de ses créations : les jeux intervillages, les conférences sur le monde, le club du 3e âge, les rassemblements régionaux des foyers ruraux. Nous avons d’ailleurs eu l’occasion de nous remémorer cette longue histoire en 2002 lors de la célébration du cinquantenaire du foyer rural (60 ans d’existence l’année prochaine). Son œuvre à Ruisseauville restera à jamais marquée dans les esprits, tant elle est riche et exceptionnelle, mais il s’est aussi investi au-delà du périmètre communal. Créant la Fédération des Foyers ruraux du Pas de Calais, puis l’Union Régionale des Foyers ruraux du Nord Pas de Calais, dont il a longtemps été le responsable, puis le Comité régional Nord Pas de Calais du Sport en Milieu Rural. Quelques dirigeants, propulsés par Guy LYON, ici présents viendront témoigner.   

Il a aussi été secrétaire adjoint de la Fédération Nationale des Foyers Ruraux. Militant acharné, défenseur de l’éducation populaire, il est souvent considéré dérangeant par ses idées novatrices, avant-gardistes. Il se dit parfois être un anarchiste zélé. Il fut aussi délégué départemental de l’éducation nationale (D.D.E.N.), secrétaire de mairie à Ruisseauville, et à Avondances, secrétaire du Syndicat des eaux d’Azincourt, et certainement bien d’autres fonctions que l’on ignore.  

Des distinctions, il en a eu quelques-unes à la hauteur de son mérite, sont venues marquer et récompenser ses engagements :  médaille d’or Jeunesse & Sports en 1974,  élevé dans le grade de commandeur des palmes académiques en 1983,  élevé dans le grade d’officier dans l’ordre du mérite agricole en 1996 par le Ministre de l’Agriculture Philippe Vasseur en personne au ministère de l’Agriculture à Paris. Il fut aussi un instituteur, reconnu par ses pairs, apprécié par les uns, détesté par d’autres. Adepte des méthodes Fresnet, il aura vu passer pas moins de deux générations de famille dans sa classe unique, qui compta jusqu’à 40 élèves. Sans rechigner, il a éduqué tous ces jeunes, en les emmenant jusqu’au certificat d’études, puis au collège par la suite.

Faire de nous tous des Hommes debout, était plus qu’un objectif, je dirai pire une obsession. Faire sortir de la misère tous ces jeunes dont les parents étaient exploités, leur assurer une instruction utile à leur vie, leur donner les capacités de se défendre.

Tout ceci dans le respect des principes, avec une éthique, une morale, qui font aujourd’hui si défaut à notre société, et sont à l’origine de bien des malaises. Le respect de l’Homme également, un instituteur qui était craint par ses élèves, même les plus turbulents en avaient peur.Que dirait-on en 2011 ? que ses méthodes sont inadmissibles, inacceptables, incompréhensibles, et pourtant… notre ministre de l’éducation nationale ne vient-il pas de rétablir la morale dans les classes.Homme de conviction, il fut révoqué de son premier poste d’instituteur pour avoir refusé d’afficher la photo de Pétain dans sa classe, commence alors son premier combat en entrant alors dans la résistance, puis il s’engage dans l’armée des Alpes pour éradiquer le nazisme. Il participe ensuite à la guerre d’Indochine, avant d’arriver à Ruiseauville en 1949.

 Nous n’oublierons pas de citer Sylviane Errington, épousée en secondes noces dans les années cinquante, et qui l’aura soutenu dans tous ses combats, accompagné dans toutes ses luttes, encouragé dans toutes ses initiatives.Pour conclure, je reprendrai la formule si vraie qu’elle disait à son propos : « Si l’on pouvait lire au fond de son cœur on y verrait inscrit le nom de Ruisseauville ».

Merci de m’avoir écouter aussi longuement.