COUPELLE NEUVE : Pèlerinage pour la famille belge Carbonnelle sur les lieux de naissance de leur soeur.

C'est un véritable pèlerinage qu'a effectué, fort symboliquement ce samedi 8 mai, les enfants de Maurice Carbonnelle dont le berceau est la ville belge de Tournai, en hommage à leur sœur née pendant la seconde guerre mondiale à Coupelle Neuve. Retour 70 ans en arrière. Le 1er septembre 1939, l'Allemagne vient d'écraser la Pologne et la France et l'Angleterre lui déclarent la guerre. La Belgique restée neutre décrète cependant la mobilisation et le 10 mai 1940 elle est à son tour envahie. Maurice Carbonnelle est alors envoyé au combat à la frontière hollandaise, dans la région d'Anvers. Il quitte son épouse, enceinte, et ses deux enfants de 1 et 2 ans. Mais bien vite le front est enfoncé et son régiment bat en retraite sur Gand, Bruges. Il participe à la Bataille de l'Escaut avec les troupes anglaises qui s'achèvera le 23 mai. Cinq jours plus tard la Belgique capitule et il est alors renvoyé dans ses foyers au terme d'une campagne de 18 jours. Sa ville, qui comptait auparavant 30 000 habitants, a payé un lourd tribu et a été complètement détruite sous les bombardements. On prétend même que lors des pires moments il ne restait plus que 18 habitants. En effet une bonne partie de la population a préféré fuir. Soit pour partir carrément dans le "Sud et Lourdes", comme on disait à l'époque, ou alors "on restait sur place" c'est à dire dans le Nord, en France, avec l'espoir d'embarquer vers l'Angleterre. Nicole Carbonnelle, née Parent, a choisi elle de partir et d'être évacuée dans le Pas de Calais. Elle a laissé des messages à des amis pour avertir son mari lorsqu'il reviendrait. En voiture elle débarque à Coupelle Neuve le 18 mai avec ses deux enfants, ses parents et sa sœur. Elle est hébergée chez le maire de l'époque Baudouin de Contes, dont le corps repose désormais au cimetière de Planques. Le jeudi 6 juin elle accouche d'une petite fille, Geneviève, qui est baptisée le lendemain en l'église St Antoine par l'abbé Georges Outrebon. C'est son père Nicolas parent, notaire à Tournai, qui fait la déclaration à la mairie du village avec Baudouin De Contes comme parrain et Gabrielle Parent, la marraine. La petite Geneviève décédera malheureusement 15 jours après sa naissance. Le 19 juin Nicole Carbonnelle retourne en Belgique et rejoint son mari à Tournai. Ce dernier s'engagera encore comme volontaire pour Irlande, en 1944, et poursuivra le combat auprès des alliés jusqu'à la capitulation allemande en 1945. A la fin de la guerre il reprend son métier d'industriel malteur, transformation d'orge en malt, et la famille s'agrandira encore de sept nouvelles naissances. Ce samedi donc les neuf frères et sœurs ont été accueillis à bras ouverts par la municipalité locale et Jean-Claude Costenoble, le maire. Après s'être recueillis à l'église ou a été baptisée leur sœur, ils se sont rendus sur les lieux de sa naissance, la résidence actuelle de Paul Lemaitre, la maison ayant été détruite. Une réception a été organisée en leur honneur à la salle municipale en présence de Jean-Jacques Hilmoine et Jean-Marie Lubret. Le Comité d'histoire du Haut-pays, et son secrétaire général René Lesage, avait également préparé une exposition consacrée à cette triste période de notre histoire. Toute la famille s'est encore déplacée au cimetière de Planques. Après un échange de cadeaux, la visite s'est achevée par un déjeuner en commun scellant ainsi l'amitié franco-belge et Coupelle Neuve-Tournai. Peut-être le signe précurseur d'un futur jumelage ?