Si le Centre de documentation  du Comité d’Histoire du Haut-Pays est resté inaccessible durant le deuxième semestre 2010, les responsables ont pu maintenir 16 heures d’ouverture hebdomadaires en mairie de Fauquembergues.

 Et poursuivre les nombreuses actions menées qui témoignent du dynamisme de ses acteurs comme se sont plus à le souligner, dimanche matin lors de l’assemblée générale à l’Espace Sagot, Serge Dufour, le président et René Lesage, le secrétaire général. Grâce également au maintien du nombre de ses adhérents et au soutien renforcé des collectivités publiques qui sollicitent de plus en plus l’association. Avec toutefois une inquiétude majeure, celle du désengagement progressif du Conseil général du Pas-de-Calais dans les projets associatifs culturels. Le programme de l’année 2011 s’annonce cependant chargé avec fin mars la publication du catalogue d’exposition "Hézecques, Lugy, Matringhem, Senlis : patrimoine et mémoire" et les 9 et 10 avril la 3e Foire aux Ancêtres à Setques. Le patrimoine médiéval du Pays de Lumbres sera mis à l’honneur par le biais d’une exposition itinérante, et une journée d’études est programmée le 14 mai à Wismes. Retour ensuite dans le canton de Fruges avec la publication d’une brochure et la présentation du patrimoine de la famille de Créquy à l’occasion du salon de Fressin, fin mai. Il y aura encore une exposition sur la fabrique de la bière à la ducasse de St Martin d’Hardinghem les 11-13 juin, les journées du patrimoine à Delettes, une exposition sur les écoles à Thiembronne et une conférence à Parenty en octobre, … Du pain sur la planche en perspective pour la directrice Sophie Léger qui coordonne toutes les actions de l’association.

Une conférence très appréciée sur les "muches".

Au terme de la séance de travail, la parole fut donnée au Groupe d’étude des villages souterrains du Nord de la France (GEVSNF), représenté par Hugues Dewerdt,  Frédérick Willmann et Victorien Leman. Leur  conférence sur un sujet très rarement abordé, les muches et souterrains-refuges,a été suivie avec beaucoup d’intérêt par l’assistance. Il n’est pas un village où l’on ne vous souffle à l’oreille l’existence de galeries qui fileraient jusqu’au village suivant, légendes souvent alimentées par les récits de la dernière guerre. Si les richesses du sous-sol de notre région ont donné lieu à l’ouverture de nombreuses carrières, seules quelques-unes ont pu devenir de véritables souterrain-refuges, créés dans la nécessité. Notamment aux XVe et XVIe siècles, où les habitants durent se prémunir du pillage de leur bétail et récoltes par les troupes. Ces sites conçus pour tenir un siège de quelques heures ou  jours possèdent une structure bien particulière composée d’une galerie principale (ou rue) sur laquelle débouchent des "chambres", simples ou doubles, pouvant accueillir chacune une famille et son modeste cheptel, équipées d’auges, de cheminées d’aération, de puits, … Ces villages souterrains pouvaient avoir une ampleur considérable comme celui d’Hermies que le groupe d’études a pu explorer et topographier, avec ses 134 chambres réparties sur 250 mètres de longueur ! Le repli de la population devant se faire rapidement en cas d’attaque, les muches se retrouvent généralement à proximité de l’église ou du bourg, excepté dans les villages traversés par des cours d’eau. En plus de 20 ans de recherches, le GEVSNF a pu faire découvrir de nombreux sites dans la Somme et le Cambrésis, révélant la spécificité de ces refuges, un patrimoine méconnu et pourtant unique au monde car on n’en trouve que dans le Nord de la France ! Dans le Haut-Pays d’Artois et l’Audomarois, le travail reste à faire, mais les premières recherches en archives témoignent déjà de leur existence : dans un procès-verbal de 1415, les moines de St Bertin accusent les habitants de Wizernes, qu’ils ont autorisés à ouvrir des carrières-refuges, d’exploiter le sous-sol et vendre des pierres sans payer de redevance. Une lettre de rémission d’un bourgeois de Saint-Omer en 1559 raconte encore comment il a tué « malencontreusement » le gardien qui n’avait pas pris soin de ses cochons placés en sécurité dans le refuge de Leulinghem. Mais la découverte la plus intéressante sur le Haut-Pays nous vient d’un texte gallois récemment traduit qui raconte le siège du souterrain-refuge de Bourthes, conçu comme une forteresse pour y remiser bêtes, ustensiles, vêtements, beurre et fromage, qui constituaient alors les richesses de la population. Cet épisode vient d’être publié par Hugues Dewerdt dans le Bulletin Historique du Haut-Pays n° 76, que l’on peut commander sur www.histoirehautpays.com. Enfin, pour les personnes qui n’ont pu assister à cette conférence, il existe  l’ouvrage publié aux éditions Sutton par le GEVSNF,  ainsi qu’un site Internet : www.muches.fr