FRESSIN : Si l'histoire du château de Fressin m'était contée.

Petit à petit les frimas de l’automne repoussent les beaux jours, couvrant les campagnes d’un voile chagrin et pluvieux. Et les vestiges de l’ancien château fort des Sires de Créquy s’apprêtent à retourner dans la solitude et l’ennui. Cet été d’ailleurs ne restera pas gravé dans la pierre, même si le mois d’août, et une belle arrière saison, ont quelque peu réconforté les bénévoles de l’Association du château qui s’efforcent chaque année de lui redonner un semblant de vie et d’activités. De longues années « ché’ruines », comme les appellent les habitants du village, ont servi de terrain de jeu pour les enfants, de lieux de promenade ou de rencontre pour les amoureux. Souvent malmenées au fil des siècles les pierres, pourtant chargées d’histoire, ont beaucoup de choses à raconter. Comme des « nuits enchantées » notamment que l’association du même nom ressuscite chaque année, en été. En même temps qu’une Dame Brunehilde qui hantait les lieux il y plusieurs siècles. Et ce avec un certain succès. Il n’y a pas si longtemps Raoul de Créquy avait enflammé le site lors de magnifiques sons et lumières, au bruit du canon et des sabots des chevaux. Si elles pouvaient parler les pierres conteraient justement la fureur des batailles menées contre les armées anglaises puis contre celles d’Espagne et l’un de ses alliés, Balthazar de Farges, qui  démolit le château, à coup de bombardes, en 1658. Les vestiges tombèrent ensuite dans l’oubli aux mains d’un nouvel envahisseur, des herbes folles et une végétation luxuriante, la nature reprenant ses droits. Mais un beau jour l’association Subartésia, par l’entremise de son directeur Guy François, débarqua pour les sortir de leur léthargie et investit les lieux dans les années 90. Les fouilles archéologiques entreprises alors ont permis de mettre à jour  des souterrains, des salles, des puits qui ne demandent désormais plus qu’à être ouverts au public. Le site par lui-même s'est agrémenté également d'un jardin médiéval avec deux conservatoires de plantes uniques en Europe. Il comprend enfin un bestiaire, un jardin d'Eden. Mais pour l’instant il végète malgré les efforts de la Communauté des communes l’ayant désormais pris sous son aile protectrice. Il faudra encore de longues années de patience, aux élus comme aux bénévoles, pour lui redonner une seconde vie et le sortir des oubliettes de l’histoire. Si un jour, en passant dans la Vallée de la Planquette, vous apercevez un vieux donjon ayant subi les outrages du temps et  la violence des hommes, prenez le temps de vous arrêter et d’écouter son histoire.